Afrique : Un ancien ministre sénégalais attaque la France

Démission ou limogeage ? Mai 2018, le ministre sénégalais de l’énergie quitte le gouvernement. Son départ a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et ça continue. En attendant, l’ex ministre, Thierno Alassane Sall, a récemment tiré à boulets rouges sur la France. Coïncidence ?!

Les uppercuts de l’ex-ministre sénégalais de l’énergie ne sont pas passés inaperçus sur la toile. L’homme n’a pas mâché ses mots. Contre la France. « Celle qui fait pression sur le Sénégal pour obtenir l’exploitation du pétrole et du gaz ».

Total propulsé

« Quand on refuse on dit non ». Tout comme ce titre éponyme du roman d’Ahmadou Kourouma, publié à titre posthume, Thierno Allasane Sall a dit non. « Je ne peux pas signer un document où la compagnie française Total qui était en 5e position par rapport à BP, Kosmos et d’autres, pour acquérir le marché selon les experts, devient subitement numéro 1 après des pressions sur le président Macky Sall », a déclaré l’ex-ministre qui a quitté le gouvernement le jour de la signature de deux accords pétroliers entre Total et le gouvernement sénégalais portant sur la concession de deux blocs d’exploration au large de Dakar.

Pourtant Thierno Allasane Sall a rappelé que la structure de l’offre de Total était de loin moins intéressante et constituait un recul par rapport à des contrats qui ont été signés en 2011, 2009, 2004, avant la découverte du pétrole.

Ecran de fumée ?

Celui qui a été en désaccord avec le président Macky Sall pense que le contrat de Total est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En effet, « l’affaire Petrotim a été un point d’achoppement important durant tout le mois de mars et d’avril (2017) et c’est la principale raison du divorce qu’il y a eu. L’affaire Total n’est, si je puis dire ainsi, qu’un écran de fumée pour masquer la véritable raison ». 

En octobre 2012, l’Inspection générale d’Etat, dans un rapport d’enquête, suggérait à l’autorité que les permis octroyés à Petro Tim soient retirés « en raison des irrégularités qui entachent la validité de la convention signée avec Petro Tim qui en est le substrat ».

« Ils sont prêts à te faire la guerre »

Thierno Allasane Sall est un homme qui a donc toutes les raisons d’en vouloir à la France décriée pour son immixtion dans les affaires internes des pays africains : « Ils sont prêts à te faire la guerre, un coup d’état, ou à lever toute une rébellion pour imposer un contrat. Car ils ne veulent pas s’aligner sur le marché comme les concurrents. Ils imposent leur deal et si tu ne veux pas tu dégages. Tant pis si le concurrent te propose un deal beaucoup plus avantageux ; ta matière première c’est pour eux », avait-il fulminé à la presse sénégalaise.

L’affront italien

Rappelons que cette semaine, le vice-président du Conseil des ministres italien, Luigi Di Maio a attaqué frontalement la France en appelant l’Union européenne à instaurer des sanctions à l’encontre des pays qui, selon lui, « appauvrissent l’Afrique ». « Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale alors qu’elle est parmi les premières grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique », a-t-il déclaré.

Il estime que cette exploitation oblige les Africains à quitter le continent. « Les Africains devraient être en Afrique, et non au fond de la Méditerranée », a-t-il asséné. Ses propos ont fait réagir la France qui a convoqué l’ambassadeur d’Italie à Paris.

L’audace italienne est à saluer. Mais le silence des dirigeants africains est plus coupable. A quand le réveil ?

HFB

Lefaso.net

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