Communiqué de la Cellule Politique – Le système de parrainage a introduit un « cheval de Troie »…

Le système de parrainage a introduit un « cheval de Troie » dans notre processus électoral ; ce virus malfaisant fait courir à tous les candidats à l’élection présidentielle de 2019 un risque d’infection de leurs fichiers de parrainage par des doublons de parrains introduits de manière massive et délibérée par des pirates politiques munies de ressources financières et d’une capacité de nuisance considérables. L’objectif est d’invalider la candidature de plusieurs membres de l’opposition et de fausser les statistiques du parrainage en vue d’un passage en force de Macky Sall à l’élection présidentielle. C’est dès lors tout le processus électoral qui est compromis, notre démocratie qui est en plein recul et la stabilité de notre pays qui est menacée par les errements d’un régime et de son leader qui ont peur des combats à la loyale avec honneur.

Plusieurs incidents récents d’une extrême gravité nous obligent à alerter à nouveau l’opinion publique sur les défaillances légales et opérationnelles de la révision du code électoral qui a instauré le parrainage et les grands dangers qu’elle fait courir à notre démocratie, aux droits et libertés individuels et à la stabilité de notre pays.

Une dame nommée S.K. résidente dans la ville sainte de Touba nous a saisi la veille du Maouloud devant son marabout pour nous informer qu’elle a fait l’objet d’une tentative de corruption dans le cadre du parrainage pour l’élection présidentielle 2019. Il a été proposé à Madame S.K. de lui acheter les informations de 500 personnes ayant parrainé la candidature du Président Thierno Alassane Sall pour la somme de 300 000 F CFA. Toujours dans la même localité, une dame nommée M.T. a reçu la visite nocturne de courtiers politiques qui lui ont proposé la somme de 2 millions de F CFA pour une copie de l’ensemble des parrains collectés. Le but de ces tentatives de corruption n’était pas tant d’acheter les fiches de parrainage du Président Thierno Alassane Sall dûment remplies et signées mais plutôt d’introduire des doublons dans la liste des parrains qu’il soumettra au Conseil Constitutionnel. Le candidat derrière ces actes de corruption tentera naturellement de déposer sa candidature avant celle du Président Thierno Alassane Sall afin de faire invalider certaines de ses fiches de parrainage. Nous rappelons que les provisions légales du code sur le code électoral qui instaurent le parrainage disposent qu’en cas de doublons, le candidat ayant déposé en premier verra ses parrains validés alors que ceux du second candidat dépositaire seront invalidés (article L.57 de la loi 2018-22 portant révision du code électoral). Cette disposition comme nous le constatons tous, validera ainsi donc des signatures obtenues de façon frauduleuse dans le cas que nous évoquions plus haut.

Ces évènements dénoncés par Mesdames S.K. et M.T. sont loin d’être des cas isolés dans cette période trouble de parrainage. En effet, dans plusieurs villes et villages du pays des fiches de parrainage de plusieurs candidats sont achetées ou reproduites par des courtiers qui usent de leurs moyens financiers et capacités de nuisance. Des incidents similaires ont été répertoriés dans les départements de Dagana, Linguère, Koungueul et dans la région de Kaffrine. Au vu de cette fraude massive, plusieurs candidats pourraient ainsi voir leurs parrains rejetés et leur candidature invalidée par le Conseil Constitutionnel.

Nous rappelons également que les dispositions légales sur le parrainage fait courir des risques d’amende et de peine de prison à tout citoyen ayant parrainé plus d’un candidat (article L.57 et L.88 du code électoral, emprisonnement d’un mois à un an et amende de 10 000 à 100 000 F CFA). C’est ainsi que des milliers de sénégalais ayant exercé leur droit citoyen dignement en parrainant un seul candidat pourrait encourir des peines de prison à cause d’une loi mal préparée, adoptée sans consensus ni débat, et inapplicable de manière fiable et sincère. Ces incidents démontrent, s’il est encore besoin de l’établir, les violations graves de la Constitution et les défaillances opérationnelles majeures du système de parrainage qui aboutissent à sanctionner les candidats et les citoyens qui respectent la loi et à encourager les candidats qui promeuvent la violation de la loi et la corruption.

C’est ainsi que le système de parrainage a introduit dans notre processus électoral ce qu’on appelle dans le jargon informatique un « cheval de Troie » qui permet d’infecter les fichiers de parrainage de plusieurs candidats de manière délibérée. Ce virus malfaisant sera activé dès que le Conseil Constitutionnel ouvrira les fichiers de parrainage et permettra d’éliminer, à travers une fraude organisée et une corruption massive et « légalisée », des candidats ciblés de l’opposition.

Les recours à la Justice pour ces cas de corruption et de dévoiement de la loi sont difficiles ; seul le flagrant délit permettrait d’intenter une action en justice avec un minimum de chances de succès. Mais nous continuerons avec des sénégalais dignes et patriotes à documenter ces cas et collecter le maximum de preuves.

Nous alertons donc le peuple souverain, premier et dernier des juges, sur le recul démocratique majeur que constitue le système de parrainage. Nous appelons tous les citoyens, toute la jeunesse et la société civile à se mobiliser face à cette situation néfaste. Nous dénonçons par ailleurs la tentative du régime de Macky Sall de museler la société civile et plus récemment leurs agissements pour déstabiliser Y’en a Marre.

Ce dernier évènement confirme que le régime de Macky Sall n’accepte pas les combats à armes égales et à la loyale et qu’il est prêt à toutes les forfaitures pour soumettre toutes les forces vives de la nation à un passage en force aux élections présidentielles de 2019. Dès lors, tous ceux qui appelle à la paix et qui la désire comme nous se doivent d’alerter l’opinion publique sur ce crime prémédité et retenir la main de Macky Sall avant qu’elle ne menace la sécurité des citoyens et la stabilité du pays.

En ce qui nous concerne, nous continuerons à alerter le peuple et à user de toutes les armes légales en notre possession pour défendre les intérêts supérieurs du Sénégal.

Vive la République.

Vive le Sénégal.

La Cellule Politique

La République des Valeurs – Reewum Ngor

Le [21 novembre, 2018]

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